Je jouais encore aux Barbies et j’avais des REER !

Certains parents d’acteurs jubilent parce que leur enfant joue à la télé, prennent des photos et perdent de vue le bien-être de leur enfant et se laissent étourdir par l’argent, mais pas ma mère.

Je me souviens, par exemple, lorsque j’ai tourné un Conte de Noël pour Radio-Canada : il y avait eu des problèmes techniques parce qu’il faisait vraiment froid et on avait tourné jusqu’à deux heures du matin. On était rentrées à la maison et je pleurais de fatigue. Ma mère était fâchée. Elle a parlé à la production et leur a dit qu’ils exagéraient, qu’elle ne voulait plus que ça se reproduise et que je n’étais qu’une petite fille.

Elle m’a aussi appris à me responsabiliser par rapport à l’argent. À cette époque, j’habitais à Longueuil dans un quartier aujourd’hui considéré comme défavorisé. Les écoles polyvalentes de quartier me faisaient peur : j’ai toujours été petite et dans ma tête, ces polyvalentes étaient comme des grosses écoles américaines où j’allais me faire tuer! Par contre, les écoles privées coûtaient beaucoup plus cher. Ma famille avait proposé de m’aider à payer l’école privée, mais au même moment, j’ai décroché le contrat pour le film de La mystérieuse Mlle C. J’ai alors pris la décision de payer moi-même mon école secondaire. J’avais 11 ans! Je suis extrêmement fière de cette décision. Je ne dois rien à personne et cela a été le plus beau cadeau que je pouvais m’offrir. Je suis contente d’avoir complété mes études secondaires au même endroit. J’avais une stabilité et ça m’a permis de m’épanouir.

Avec ma mère, l’argent n’a jamais été un tabou ou un problème. Elle n’a jamais régi mon argent à ma place, mais par contre, elle m’a appris à bien le gérer. Elle m’a aussi appris la valeur de l’argent. Par exemple, quand j’ai eu ma première carte de guichet, je me suis acheté un gloss Dior à 30$. Je ne connaissais pas la valeur des choses. Au téléphone, déjà en lui parlant, je sentais bien que je n’avais pas fait une bonne affaire. Quand elle est revenue de la Floride, elle m’a montré trois gloss qu’elle s’était achetés. Elle m’a dit : « Ça m’a coûté 5 $! Tu sais, 30 $ c’est peut-être un peu trop pour un simple gloss ! »

Ma mère m’a aussi aidée à développer mon autonomie. À 14 ans, j’ai ouvert mon propre compte de banque. J’avais aussi des placements. Je me rappelle d’être allée seule à la banque du centre d’achat derrière chez nous et d’avoir parlé à la conseillère financière et de n’avoir rien compris! « Celi, REER, as-tu ton papier de cotisation ? Quoi ?! » Et la dame de m’expliquer que c’était pour payer moins d’impôts. À 14 ans, je jouais encore aux Barbies et j’avais des REER!

De votre côté, comment protégez-vous votre enfant comédien ?

 

 

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