J’arrivais sur le plateau et j’avais mal au ventre..

Un passage difficile s’est produit dans ma carrière lorsque j’avais 19 ans. Cela faisait six ans que je tournais dans l’émission Providence, mais je ne passais plus d’auditions pour d’autres projets. Mon agente m’expliquait : « C’est compliqué, les producteurs pensent que tu es malade pour vrai parce que tu ne respires pas comme il faut dans l’émission. » Parce que je jouais un personnage qui avait la fibrose kystique, les réalisateurs croyaient que j’étais malade dans la vie. Ça me faisait capoter! J’avais peur d’être de celles qui font seulement un grand rôle dans leur carrière et qui ne font plus rien par la suite. Ça me terrorisait d’être étiquetée.

Au printemps 2009, j’ai passé l’audition pour la série Les Rescapés et ce, grâce à Isabelle Vincent qui jouait ma mère dans Providence. Elle a suggéré au réalisateur, son conjoint, de me passer en audition. La première rencontre s’est tellement bien déroulée que j’étais certaine d’avoir le rôle de Jeanne Boivin. Ça m’a drôlement surpris quand mon agente m’a annoncé que j’avais un call-back. J’étais près du but, mais je devais encore faire mes preuves. Après cette deuxième audition, je suis sortie de la salle et j’ai éclaté en sanglots dans les toilettes. J’avais trouvé ça tellement difficile. Moi, je jouais dans Providence, un super téléroman, mais j’avais un jeu de téléroman justement. Les Rescapés, c’était une série qui demandait un jeu plus raffiné, de qualité cinématographique. Pendant l’audition, le réalisateur me disait tout le temps : « Joue plus petit. Moins gros ». J’étais étourdie à force de me faire dire de diminuer mon jeu. Je ne comprenais pas pourquoi je jouais de cette façon. J’étais certaine que je ne décrocherais pas le rôle. La vie m’a bien étonnée parce que finalement, je l’ai eu!

Cette série a vraiment été une bonne école pour moi. Mon jeu a changé énormément grâce aux Rescapés. Cependant, c’est venu avec son lot de difficultés. J’arrivais sur le plateau et j’avais mal au ventre. J’étais très nerveuse. On accordait beaucoup d’importance et de précisions à chacune des scènes. Le réalisateur me disait : « Plus petit. Plus senti. » Sur Providence, j’étais comme dans mes pantoufles. On tournait plus vite et on faisait moins de prises. Les Rescapés, c’était une série lourde d’époque. Je jouais avec Roy Dupuis et Guylaine Tremblay, ce qui m’impressionnait au max. Le réalisateur était très minutieux et me poussait tellement que parfois je me demandais pourquoi il m’avait prise et ça m’inquiétait.

Mais j’ai réalisé qu’il donnait beaucoup d’indications de jeu à TOUS les comédiens. Il était très pointilleux dans tous les départements et ça se voit à l’écran. Le résultat : c’est le meilleur projet dans lequel j’ai travaillé jusqu’à maintenant. Je ne me suis jamais vue aussi vraie, aussi précise et sobre à l’écran. Mais j’ai dû travailler énormément.

Est-ce que votre enfant a déjà joué un rôle qui l’a rendu nerveux ?

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