La série Fugueuse en est une qui fait jaser de par la violence et la dureté de son propos. Dès la première audition, je savais que c’était un projet auquel j’avais envie de participer.
J’ai d’abord passé l’audition pour le rôle principal, mais ne l’ai pas obtenu : j’étais trop vieille. Fini de jouer les jeunes adolescentes! Quelques mois plus tard, on me contacte pour me faire auditionner pour un autre rôle, celui de Natasha, la recruteuse. Après deux auditions pour ce rôle et de longues semaines d’attente, je n’ai pas été retenue : trop jeune, cette fois!
Puis, un cadeau est tombé du ciel : la production m’a offert le rôle de Joannie, une toxicomane prise dans le cercle vicieux de la prostitution. J’étais emballée parce qu’il s’agit d’un personnage que je qualifie de « gris » : ni bon, ni méchant. C’est une femme meurtrie, jalouse, dépendante et profondément blessée par l’homme qu’elle aime, son pimp. Les scènes de violence physique et psychologique ont été tournées avec énormément de réalisme, mais toujours dans un respect total. La qualité de la direction d’acteur est phénoménale : nous avions le temps de vivre les scènes, on improvisait des répliques, j’avais vraiment le sentiment d’habiter mon personnage.
Il faut dire que la complicité avec mon partenaire de jeu était géniale, ça aide à se sentir en sécurité et à s’abandonner complètement dans la scène. Il y a une scène dans la série où mon personnage se fait violenter par son chum : j’ai proposé un mouvement à mon partenaire (prendre ma mâchoire et appuyer solidement ma tête sur la vitre) et Éric Tessier (le réal) a validé l’idée et on a travaillé avec ça. Ça a été l’occasion pour moi de travailler ma voix (beaucoup plus grave qu’à l’habitude) pour que le côté trash de Joannie soit crédible.
Comme c’est une danseuse nue, j’ai passé presque tout le tournage en sous-vêtements et j’ai dû prendre une formation de danse au poteau : quelle aventure! C’est parfois dur de ne pas se juger physiquement, mais j’ai lâché prise: les scènes de danse sortent très bien à l’écran. Pour ma part, les scènes de nudité étaient suggérées : j’ai réellement tourné nue, mais à l’écran, on ne voit rien de compromettant. J’avais déjà tourné ce genre de scène sur d’autres productions, j’étais donc en terrain connu. C’est sûr que ce n’est jamais évident de tourner des scènes à caractère sexuel parce qu’on se sent plus vulnérable, mais bien encadrée et préparée, ça se passe bien.
Ce rôle est arrivé à point dans ma carrière : finissante du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, c’était le moment idéal pour mon retour télévisuel et pour « casser » l’image que le public avait de moi. On est loin de la jeune fille de bonne famille du téléroman Providence ! C’est le type de personnage que je rêvais de jouer depuis plusieurs années et je suis extrêmement honorée d’avoir fait partie de l’équipe de Fugueuse.
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Crédit photos : Marlène Gélineau Payette