Maman, je veux être dans la télé

La question qui m’est le plus fréquemment posée par rapport au métier est la suivante : « Comment as-tu fait pour devenir comédienne ? Comment est-ce qu’on fait pour que ça marche ? »

La vérité, c’est qu’il n’y a pas de recette magique et chaque comédien a sa propre histoire, son propre parcours. Personnellement, l’envie, pour ne pas dire le besoin de jouer, remonte à ma tendre enfance : j’étais une enfant qui adorait se déguiser, je me regardais constamment dans le miroir, je faisais des mises en scène avec mes copines dans le sous-sol, j’avais une imagination foisonnante, je parlais beaucoup, bref, la fibre de comédienne germait en moi ! Mon souvenir le plus clair du désir d’être « dans la télévision » remonte à ma première année du primaire : sur l’heure du dîner, j’avais pris l’habitude de manger devant la télé parce qu’il y avait une publicité, pour une raison qui m’échappe encore, que j’adorais : celle de la crème de champignons Campbell’s. Dans cette publicité, il y avait un petit garçon qui mangeait sa soupe en récitant un texte. Dès que l’annonce passait, je m’empressais de copier le petit garçon dans ses gestes et paroles. Le plus ironique, c’est que je détestais la crème de champignons ! Mais ce qui se passait dans la télévision m’intéressait beaucoup. Je sollicitais constamment ma mère pour qu’elle me laisse « aller dans la télé ». Lorsque j’ai fêté mon neuvième anniversaire, elle m’a enfin dit : « D’accord, on va essayer que tu deviennes comédienne ! »

Maman, je veux être dans la télé

Il y avait à l’émission Claire Lamarche un spécial sur les enfants acteurs. Ma mère a contacté une des agentes présentes sur le panel, Marie Dupont, et a réussi à m’inscrire aux auditions. Elle m’avait dit : « Eve, ils cherchent de nouveaux enfants. On va aller à Montréal pour que tu passes une audition. On va voir si ça fonctionne pour cette agence-là. » C’était une grosse agence d’enfants acteurs (elle n’existe plus maintenant), pratiquement une des seules à cette époque. Beaucoup d’entre eux étaient les vedettes du moment : Catherine Brunet, Bianca Gervais, Émile Mailhiot, Benoit Langlais, etc. Pour moi, c’était très impressionnant parce que je les reconnaissais des émissions que je regardais. À la première audition, on était une vingtaine d’enfants assis en cercle et Marie Dupont nous faisait faire des exercices divers. À la fin du processus, elle nous informait si on était invité au prochain tour ou pas. Pour ma part, elle a dit : « Toi…hum… T’es intéressante. Reviens la semaine prochaine. » J’étais folle comme un balai ! C’était un « oui » pour la deuxième audition ! Cependant, elle avait mentionné à tous les parents : « Je vous avertis, il y a énormément de petites filles dans le milieu et pas assez de garçons. Je vais donc prioriser les gars. » Alors, dès le départ, j’étais désavantagée. Quand je suis arrivée à la deuxième audition, elle nous a donné un texte et nous a expliqué qu’il fallait lire la réplique dans notre tête, baisser la feuille et la dire à haute voix à son partenaire. Il ne fallait surtout pas lire la phrase et la dire en même temps. Consigne assez simple, mais pas toujours évidente à suivre lorsque tu es une enfant et que tu es bien nerveuse. En début de lecture, une fillette s’est trompée; elle a été automatiquement refusée. Vous pouvez vous imaginer à quel point mon petit cœur battait fort! À la fin, Marie Dupont m’a dit : « Finalement, je ne ferai pas de troisième audition. Tu es acceptée. » Je capotais, j’étais sur un gros « high »! Je suis entrée à la maison en courant et j’ai sauté dans les bras de mon père en criant : « Papa, j’ai été prise, j’ai été prise!!! » Je suis entrée dans l’agence à l’automne et j’ai eu ma première audition en février. C’était pour une publicité de A&W. J’avais 10 ans et c’était le début d’une grande aventure!

Et vous, est-ce que votre enfant « veut être dans la télé » ?

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