Antoine Boucher sur destinees

Antoine Boucher : en coaching

J’ai fait la connaissance d’Antoine Boucher alors qu’il avait six mois. Sa mère, qui connaissait quelqu’un de la production de Destinées, s’était fait demander si son bébé pouvait jouer dans la série. Alors en congé de maternité, elle s’était dit : « Pourquoi pas ! »

Ce qui devait être une expérience de quelques mois s’est révélé durer cinq ans. Au départ, je ne coachais pas le bébé, bien entendu. Mais au fil du temps, l’auteure s’est mise à lui écrire de petites répliques. C’est à ce moment-là que je suis entrée en jeu. Je me souviendrai toujours de la première réplique qu’il a eu à jouer. La scène se passait à l’hôpital. Dans l’histoire, son papa, Bernard, avait subi une agression. Il était à l’hôpital et Antoine allait le visiter. Bien entendu, le comédien, Patrice Godin, avait bien pris soin de montrer à Antoine ses bandages et ses fausses blessures. Antoine trouvait ça drôle, il voyait le maquillage comme un déguisement d’Halloween. Cependant, nous avions négligé la force du jeu de Patrice Godin. Dans la scène, Bernard pleurait en voyant son fils. Il était touché de le voir à l’hôpital et bouleversé d’être ainsi diminué devant son fils. Antoine a alors été très impressionné de voir Patrice dans cet état émotif. Il a dit sa réplique du bout des lèvres. Mais c’était parfait, car l’enfant, si cela avait été vrai, aurait lui aussi été très impressionné de voir son vrai papa ainsi blessé.

Il était bien impressionné pas les bandages de Patriceé

Antoine a donc réussi avec brio sa première scène. Plus le temps passait et plus l’auteure lui écrivait des répliques de plus en plus complexes. Alors qu’il avait trois ans et demi, je lui avais donné une indication de jeu. « Quand tu vas arriver ici à cet endroit, tu vas regarder par là, et après tu vas être triste de voir ta petite sœur comme ça ». Les gens qui avaient entendu ma consigne me disaient : « Bien voyons donc, Liane, il est bien trop jeune pour appliquer des consignes de jeu ». J’ai dit à Antoine : « Tu comprends ce que je te demande, hein ? Dans le film, le petit garçon est triste, tu fais semblant d’être triste. » « Oui, oui, je comprends. Je dis ça après 3-2-1 action», m’a-t-il répondu. Et il l’a fait ! Les gens étaient très impressionnés. Il m’a dit un jour, tout fier : « Quand tu as des lignes, c’est parce que tu es rendu grand ! » Effectivement, à quatre ans, il était pas mal grand !

Un jour, il avait une scène avec la comédienne qui jouait sa mère dans la série et celle-ci avait quelques difficultés avec son texte. Antoine lui a alors dit : « C’est pas grave, ça arrive. C’est parce que tu as vraiment beaucoup de lignes ! » À quatre ans, il faisait déjà preuve d’empathie envers une autre actrice et comprenait que ce qu’elle avait à faire pouvait être difficile. Antoine était un enfant très dynamique. Avant ses scènes, nous allions toujours répéter dans le corridor du studio en jouant au soccer. J’en profitais alors pour lui donner mes indications de jeu tout en jouant au ballon. Une fois au studio, il faisait preuve d’une concentration hors du commun. Il avait compris qu’il « travaillait » sur le plateau et qu’il devait rester calme et se concentrer. Ça a été tout un plaisir de le coacher pendant ces belles années.

De votre côté, est-ce que votre enfant sait faire la différence entre l’amusement et le sérieux des plateaux ?

 

 

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