Je viens de terminer une formation en jeu devant la caméra que j’ai donnée à Québec en compagnie du comédien professionnel Pierre-Paul Alain.
Pendant la formation, nous avons souvent discuté avec les élèves de l’importance de l’attitude que le comédien doit avoir. Celui-ci doit être positif et ouvert à toutes les propositions de jeu. Il doit se mettre dans un état où il est à la disposition du projet. Le comédien doit donc laisser tomber son ego et se concentrer sur le film ou la télésérie.
En parlant de cette façon de faire souhaitée, il m’est revenu à la mémoire une anecdote qui concernait Pierre-Paul lorsque je travaillais avec celui-ci sur le téléroman Destinées, où il interprétait le personnage d’Alexis. Nous tournions à Brossard dans une immense maison de riche. C’était en fait la maison du personnage de Jean-Marc, son père, interprété par Alain Zouvi. Comme à l’habitude, nous avions entamé la journée très tôt et, rendus à 10 h, nous avions déjà tourné quelques scènes. Pierre-Paul était de toutes les scènes de la journée. Il donnait son 100 % pour que son interprétation soit à son meilleur. Nous en étions entre deux scènes et, selon l’horaire, la cadence allait se poursuivre de façon soutenue toute la journée.
Tout à coup, le régisseur est venu nous voir pour nous informer qu’il y avait une scène qui allait être rajoutée à la journée. Celui-ci a tendu le texte à Pierre-Paul et lui a dit : « On tourne dans 5 minutes ! » Il a saisi le texte et il s’est immédiatement mis à l’apprendre. Il n’a pas perdu une seule seconde à dire : « Quoi ! Bien voyons, ce n’était pas prévu à l’horaire ! Je ne sais pas le texte ! Comment je vais faire pour savoir ça en 5 minutes ? Vous me rajoutez de la pression sur une journée déjà trop remplie ! » Mais non, il a pris une inspiration pour mieux se concentrer et il a sauté dans l’apprentissage sans perdre une seconde.
Après deux minutes, il m’a tendu le texte et il m’a proposé de lui demander son texte pour que je vérifie s’il le savait correctement. À part quelques petites coquilles, il connaissait le texte dans son ensemble. J’étais fascinée. Le temps que nous révisions la scène et que je lui donne quelques notes de jeu, il fallait déjà que nous nous rendions sur le plateau pour tourner la scène.
La scène s’est très bien déroulée et Pierre-Paul a très bien performé. J’ai félicité Pierre-Paul et je lui ai dit à quel point il m’impressionnait.
Comment pensez-vous que vous auriez réagi ?