Sur le plateau

Comment ça se passe sur un plateau de tournage ?

Quand on voit un enfant comédien à la télévision, on peut penser que cela se fait tout seul et que c’est comme « être dans la vie ». On ne se doute pas que cela implique beaucoup de choses : l’acteur doit faire preuve d’une grande maîtrise corporelle, de mémoire et de concentration. Par-dessus tout, il ne suffit pas de prononcer des mots et de faire des mouvements précis à chaque prise : encore faut-il « interpréter » les répliques. Il faut y mettre de l’âme, de l’émotion, du souffle, de l’énergie, etc. Chaque bout de phrase, chaque groupe de mots possède ses couleurs, son rythme, ses intonations, son débit caractéristiques. C’est ce qui fait la richesse et la finesse du jeu.

Quand je travaille l’interprétation avec les enfants, je leur demande de réfléchir à chaque phrase, à ce que le texte ne révèle qu’à moitié, mais aussi à ce que le jeu pourrait mettre en évidence (le sous-texte), aux émotions propres à la scène, aux intentions se rattachant à chaque réplique, etc. Il faut que l’enfant soit capable de puiser dans son bagage émotif personnel, à même ses propres émotions.

Je tente toujours de convaincre les réalisateurs de faire les gros plans des enfants le plus rapidement possible, car les jeunes s’épuisent vite : si on refait la scène depuis déjà 90 minutes, et qu’on attend à la fin pour enregistrer les gros plans, l’enfant aura assurément perdu sa spontanéité. Souvent, je propose aussi aux réalisateurs qu’après ses gros plans, l’enfant puisse sortir du plateau pour se reposer, et que ce soit moi, à ce moment-là, qui dise les répliques de celui-ci, pendant qu’on tourne les gros plans des autres comédiens. Cela demande une ouverture et une compréhension de ce qu’est un enfant et des conditions de tournage propres aux différents groupes d’âges. Ce que les réalisateurs n’ont pas toujours…

Il est cependant possible de prévoir les tournages en fonction des enfants. Miryam Bouchard, une réalisatrice avec qui j’ai travaillé, a toujours conçu sa mise en scène et sa préparation de manière à ce que soient tournés les gros plans des enfants en tout premier lieu, pour pouvoir ensuite les libérer, et ainsi éviter de les épuiser.

Il y a beaucoup de choses à intégrer quand on est comédien : les consignes techniques, la capacité de s’investir sur le plan émotif, les déplacements et jeux de regards, les accents, rythmes et intonations des répliques, le souci d’être raccord, etc. Cela demande de la concentration et c’est fatiguant…

Même être sur un plateau à observer peut être épuisant. Par exemple, pendant un tournage de « Sam Chicotte », j’ai amené avec moi une fillette, qui allait à l’école avec mon fils : elle tenait à tout prix à venir passer une journée sur les plateaux en notre compagnie. Elle voulait simplement regarder, voir comment se déroule un tournage. À la fin de la journée, pendant que je la ramenais chez elle, elle s’est endormie dans la voiture. Et elle n’avait fait qu’être témoin de notre journée de travail ! Le simple fait de voir des tas de choses nouvelles et différentes, d’observer en tentant de comprendre comment ça se passe, lui avait visiblement demandé beaucoup d’énergie. Alors, imaginez quand il faut en plus intégrer des consignes, jouer, être à la hauteur des attentes à chaque prise…

Est-ce que votre enfant est fatigué après ses tournages ?

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