Je me souviens d’avoir échangé quelques courriels avec une mère qui voulait inscrire son enfant dans une agence, histoire que celui-ci puisse jouer dans des séries télévisées dès que possible. Son enfant n’avait pourtant aucune expérience en jeu d’acteur, et n’avait jamais suivi de cours de théâtre ni aucune formation parente.
Si l’enfant veut être acteur à la télévision ou au cinéma, il est primordial qu’avant toute chose (avant même de faire des démarches pour une agence d’acteurs), que celui-ci ait suivi une formation. Il peut commencer par des cours d’art dramatique à l’école, des cours de théâtre au parascolaire, ou des cours à la ville. Mais en second lieu (si le parent voit que l’intérêt de l’enfant se poursuit), celui-ci doit suivre une formation d’acteur qui se spécialise en Jeu caméra. L’important, c’est que l’enfant qui veut devenir comédien ait acquis une formation d’acteur caméra et qu’il soit conscient que c’est un travail et que cela demande des efforts.
C’est vrai que les « bloopers », à la télévision, peuvent porter à croire que les acteurs ne font que s’amuser. Ils pouffent de rire, vivent des situations abracadabrantes : rien n’a l’air plus amusant que de faire de la télé ! On a alors tendance à se dire : « Wow, moi aussi j’aimerais avoir un travail où l’on rit constamment, où c’est léger et où j’obtiens de la reconnaissance. Mon travail à moi est difficile, stressant, souvent monotone. Et on ne m’applaudit jamais quand je l’ai terminé… »
Lorsqu’on voit des acteurs prendre du bon temps, on se dit qu’un studio de télévision est sûrement un bon endroit pour son enfant, et qu’en tournage, il va certainement avoir lui aussi beaucoup de plaisir. Parfois, on songe aussi : « Et moi, en le suivant, je vais pouvoir baigner dans ce milieu fascinant, m’imprégner de cet environnement si extraordinaire ! »
Il y a une part de vrai dans tout ça. Un plateau de tournage reste un endroit stimulant où l’on vit plein d’émotions et de beaux moments. Mais gardons à l’esprit que plusieurs facettes de ce travail demeurent inconnues du grand public.
Souvent, je rencontre des enfants et des parents qui ont une conception erronée de ce que c’est que de « jouer ». Un verbe qui peut en effet prêter à confusion, car « jouer », c’est généralement s’amuser, être léger, ne penser à rien, s’évader.
Mais ne l’oublions surtout pas : jouer, c’est du travail! J’entends souvent des parents dire : « Ah ! Il s’amuse, il s’amuse ! Le jour où il ne s’amusera plus, on arrête tout ! » Oui, c’est vrai qu’on s’amuse − moi-même, je m’amuse beaucoup sur les plateaux. Mais comme eux, je trime dur et n’échappe pas aux exigences, bien réelles, du travail accompli, qui sont ici semblables à celles de tout autre métier.
Les enfants rient, ils ont du plaisir, ils sont aimés et appréciés par l’équipe technique. Les jours de tournage, ils font partie d’une grande famille de plus de 30 personnes qui les affectionne profondément, avec laquelle ils partagent les repas, les heures de tournage et combien d’anecdotes ! On les bichonne, on les prend dans nos bras, mais il ne faut jamais oublier que cette activité est un travail. Le plaisir qu’on y prend n’enlève rien aux efforts, à l’énergie, à la disponibilité et à la concentration que ça exige : s’amuser ne réduit pas l’ampleur de l’investissement humain requis.
Je travaille dans ce domaine depuis 20 ans et, moi-même, quand j’écoute un téléroman, j’oublie vite à quel point ça peut être long et exigeant d’en arriver à un résultat final de cette qualité. C’est un peu pour ça qu’on parle de la « magie du cinéma » qui opère aussi très bien dans le cas de la télé !
Gardons en tête qu’un enfant ayant reçu une formation d’acteur sera plus heureux sur un plateau de tournage. Prenons aussi en compte que cela est tout autant exigent qu’amusant.
De quelle manière pensez-vous qu’être comédien puisse demander des efforts ?