Ma pire audition à vie a été pour le film La mystérieuse Mlle C. Pour l’audition, il fallait que je chante Le monde est stone de Starmania. Mon père, qui n’est pas chanteur non plus, essayait de me coacher. Je faussais comme ça ne se pouvait pas, c’était épouvantable. J’avais zéro confiance en moi. En arrivant à l’audition, il y avait plein d’autres petites filles. Nous étions toutes là, mises sur notre 36. La fille qui auditionnait juste avant moi pour le même rôle s’était fait demander de se détacher les cheveux pour voir la longueur de ceux-ci et pas moi. J’ai donc eu la réflexion suivante: « Moi, ils ne me l’ont pas demandé, ça y est, ils ne veulent pas de moi, je ne l’ai pas ».
Effectivement, c’est elle qui l’a eu. J’ai été déçue longtemps de ne pas avoir eu le rôle. Et j’ai compris plus tard que ce devait être une question d’attitude. Je n’avais pas confiance en moi et en mes moyens du tout et ça a dû transparaitre à la caméra.
L’année d’après, il y a eu les auditions pour L’incomparable Mlle C. Le réalisateur ne savait pas trop ce qu’il cherchait. Je faisais partie de la quatrième vague d’auditions pour le rôle principal. Il y a eu autour de 480 personnes qui ont auditionné pour ce rôle-là. Le personnage avait 12 ans et moi j’en avais 13 à l’époque. À la dernière minute, j’ai décidé de me faire deux lulus pour me rajeunir. Quand je suis entrée dans la salle d’audition, le réalisateur, en me voyant, s’est exclamé : « C’est ça que je cherche ! » Cela a fonctionné à cause de mes lulus! Même à mon call back du lendemain, il m’avait demandé de me refaire la même coiffure! Il m’a avoué plus tard que c’était grâce à ça que j’avais eu le rôle. Outre mon talent, bien sûr, et ma candeur, les lulus furent le déclic nécessaire pour me faire sortir de la masse des gens en audition… C’était exactement ça le personnage pour lui. Je me suis souvent posé cette question : si je ne m’étais pas fait de lulus, est-ce que j’aurais eu le rôle? Est-ce que je me serais autant démarquée? Parfois, ce n’est qu’un détail qui accroche l’œil des créateurs, une attitude ou une très bonne préparation. J’avais plus confiance en moi un an plus tard, je le voulais très fort, ce rôle, et j’ai mis les efforts nécessaires et la bonne préparation pour y arriver. Parfois ce sont des coups de dés, et la décision finale des créateurs n’est en rien personnelle contre nous. Il faut apprendre avec le temps à se détacher et à lâcher prise.
De votre côté, votre enfant a-t-il déjà eu des expériences d’auditions particulières ?
