Les femmes doivent nommer leurs limites sur les plateaux de tournage

Au courant de ma carrière, il m’est arrivé à plusieurs reprises d’être témoin de situations embarrassantes. Bien que nous ayons avancé en tant que société, de vieilles pratiques douteuses, où l’on tente de réduire la femme au rang d’objet sexuel, continuent de perdurer dans l’industrie du cinéma et de la télévision au Québec. Enfin, l’écart entre les hommes et les femmes, bien que moins grand aujourd’hui, existe toujours. On ne demande pas aux jeunes hommes ce que nous demandons aux jeunes femmes. En voici un exemple concret.

Je travaille sur une série et je suis engagée par la production pour coacher une adolescente. Dans la scène que nous travaillons ensemble ce jour-là, la jeune actrice se retrouve en chemise de nuit. Le réalisateur souhaite que sous sa chemise, elle ne porte pas de soutien-gorge puisqu’on peut y entrevoir les bretelles de la brassière. La jeune me confie qu’elle n’est pas à l’aise avec la situation. Cela se comprend; elle a à peine 15 ans et on lui demande de dévoiler une partie de son intimité pour laquelle elle ne se sent pas prête.

Bien évidemment, je la défends. Je suggère au réalisateur que ce n’est pas nécessaire qu’elle soit sans brassière sous sa chemise de nuit. Il me répond que cette dernière est transparente et qu’on peut voir la brassière. Je propose donc qu’on lui trouve un autre costume comme un pyjama en flanelle ou quelque chose qui ne sera pas transparent. Il comprend son malaise et finit par accepter.

À la fin de la journée, je retrouve la jeune comédienne et je lui partage avec bienveillance que tout cela, malheureusement, ne fait que commencer… Plus elle va vieillir, plus on va lui demander d’enlever des morceaux. Je ne suis quand même pas la police des plateaux de tournage; si l’actrice se sent bien et qu’elle n’a pas de problème dans les demandes de la réalisation, cela la regarde. Seulement, je lui rappelle qu’elle n’a pas à dire oui dans le cas où elle n’est pas à l’aise. On ne peut pas la “blacklister” parce qu’elle ne se sent pas confortable de se dénuder à l’écran.

Pour finir, il est important de prévenir son agent de ses limites personnelles concernant le travail. Si vous n’êtes pas à l’aise avec une situation, parlez-en et assurez-vous qu’il communique avec la production. C’est son travail de vous protéger et de respecter vos limites. De plus, c’est d’autant plus important de se sentir bien dans son personnage; si on se sent inconfortable dans ce qui est demandé, la qualité du jeu sera ultimement affectée. En bout de ligne, c’est l’acteur qui ne sera pas bon à l’écran. N’ayez donc pas peur de vous faire entendre!

 

Et vous, quelles seraient vos limites?

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