Souvent, je rencontre des parents d’enfants acteurs et j’ai l’impression qu’ils ne parlent que d’auditions et des tournages. C’est devenu un sujet de discussion presque constant : « J’espère que tu vas décrocher le rôle ! J’attends la réponse de l’agent. J’espère que mon fils va décrocher cette série, ça donnerait un élan à sa carrière ! Après tout l’argent qu’on a investi dans ses cours et dans l’agence, il faudrait bien que ça finisse par payer ! » Bien sûr, cela dénote d’un intérêt pour l’activité du jeune comédien, mais il ne faut pas que ça devienne obsessif. L’enfant pourrait se mettre à penser qu’il faut absolument qu’il décroche des rôles au risque de déplaire à ses parents. Que cela une importance capitale. Eve Lemieux et sa mère, Isabelle Rainville, offrent un bon exemple de duo parent/enfant qui ont vécu cette activité de manière saine. Voici comment Isabelle voyait la chose :
« Eve était innocente. Elle allait à ses tournages et elle s’amusait. Après les auditions, je lui demandais toujours comment ça avait été. J’écoutais beaucoup : elle me racontait tout parce qu’elle parlait tout le temps, je savais tout, alors, c’était facile. Je lui disais :
« Refais-le-moi, pour voir ! » Et elle le refaisait. Elle m’en donnait du jus ! Je lui disais : « penses-tu que tu vas l’avoir, le rôle? » Elle répondait : « je ne sais pas, hein ? » Et moi de lui répondre : On le sait pas. On oublie ça : on envoie ça à l’univers. Si c’est bon pour toi, tu vas l’avoir; sinon, tu ne l’auras pas. » On en parlait cinq minutes. On avait d’autres choses à penser : elle allait à l’école et moi aussi ! Moi, c’était comme ça que je voyais ça. Je connais les déceptions et les attentes, dans la vie, et je me disais que ce n’était pas nécessaire, pour elle. « Si c’est pour toi, tu vas l’avoir; si ce n’est pas pour toi, tu ne l’auras pas. » Elle n’obsédait pas avec ça. Elle ne revenait pas de l’école en disant : « as-tu eu un téléphone ? » Jamais. C’est moi qui lui annonçais : sais-tu quoi ? Maman a eu un beau téléphone, aujourd’hui… » Eve aimait ça, l’école : elle était bonne, elle était travaillante. Elle devait l’être, parce qu’au secondaire, elle a fait Providence et ça occupait beaucoup de son temps. Je n’avais jamais besoin de lui dire : « Eve, fais tes devoirs ! Eve, apprends tes textes ! Eve, fais tes choses ! » Jamais. Elle adorait être comédienne alors elle faisait tout ce qu’il fallait faire, mais elle savait que l’école était ma priorité. »
Il faut garder en tête que les tournages sont une activité et que cela ne prenne pas toute la place dans la vie de l’enfant. Il faut parler d’autres choses, s’amuser et faire une multitude d’activités avec son enfant.
De votre côté, quelle est votre stratégie pour après les auditions ?
Crédit photo : Les Rescapés II