Quand notre enfant manifeste le désir de devenir comédien, on ne se doute souvent pas de l’implication que cela exige. Souvent, les parents sont très surpris de constater qu’ils doivent s’investir autant…
Dépendamment de l’âge de l’enfant, il faut l’aider à préparer ses textes, lui donner un coup de main à l’apprentissage, lui demander de dire son texte par cœur. Il faut également gérer les horaires, les documents, aller le reconduire, s’assurer que tout se passe bien sur les plateaux, s’occuper de lui aux pauses. De plus, il y a tout l’aspect de l’école : avertir le professeur de l’absence du jeune comédien, voir avec celui-ci pour reprendre travaux et leçons, aider l’enfant avec ses reprises de cours ou engager un tuteur privé, gérer les horaires de ces rencontres… Cela fait beaucoup de choses à assumer en plus du travail, des autres enfants et de toutes les obligations de la vie adulte. Ouf ! Par moments, vous vous direz sûrement : « À quoi j’ai pensé !? Ce n’est pas pour moi ! »
Isabelle Rainville, la mère de la comédienne Eve Lemieux en sait quelque chose. On n’y pense pas, mais cette activité ne convient pas à tous les types de parents. Voici ce qu’en pense Isabelle : « Un parent qui n’est pas ouvert d’esprit, flexible, qui n’a pas confiance en son enfant et en les autres ne peut pas faire ça. Tu l’envoies travailler, mais ce n’est pas une job ordinaire. C’en est une où ton enfant se fait modeler. C’est un comédien, un acteur. Tout le monde vient lui jouer dans les émotions, dans le cœur, dans la tête, dans sa façon de faire, dans sa façon de voir, sa façon d’agir. Ça prend beaucoup de détachement à un moment où l’enfant est encore très jeune.
Moi, je connais des parents qui commencent à se détacher de leur enfant alors qu’il a 26 ans ! Ça ne peut pas être ainsi quand tu as un enfant qui fait de la télé. Il faut que tu te détaches tout de suite. Il faut que tu te dises, quand il est sur des tournages : “Moi je n’existe plus”. Quand tu vas le reconduire à Radio-Canada, qu’il sort, et que la porte de l’auto s’est refermée, il faut que tu lâches prise. Moi, je me disais : “Mon dieu, je ta le confie. Ça va bien aller…” Je ne pouvais pas passer l’avant-midi sur les dents, à me demander : ah, comment ça se passe ? Je ne pouvais pas me permettre ça. Personne ne peut se permettre ça, d’ailleurs. Alors, il ne faut pas faire ça. “Je vais t’appeler quand je vais avoir fini. »’ qu’elle me disait. Tu es de service ! Au début, quand elle est jeune, c’est drôle. Mais, à un moment donné, tu es le chauffeur ! Ta vie est prise en otage : elle tourne autour de ton enfant. »
Avant de laisser votre enfant s’embarquer dans cette belle aventure, il convient donc de vous demander si vous êtes prêts à en faire autant…
Comment voyez-vous votre implication ?