Pierre-Paul Alain et Mylène St-Sauveur en tournage sur Destinées

Garder les pieds sur terre quand on est comédien

Quand j’ai commencé à être comédienne, mes parents m’ont dit : « Si tu veux pas te faire d’ennemis, garde tes deux pieds sur terre, Mylène, parce que quelqu’un qui a la tête enflée, ça ne marche pas. » Mes parents m’ont dit : « Si tu passes plus dans la porte ici, on arrête ça. Il faut que tu sois capable de rentrer dans la maison. Reste un enfant. »

Peut-être que le fait de vivre en campagne, à St-Hyacinthe, m’a aidée. Quand je revenais chez moi, je quittais le milieu de Montréal, la ville, le travail. Il y avait une coupure. Avec mes amis, je ne parlais pas de job. La plupart du temps, au contraire, j’essayais de m’effacer le plus possible. J’étais une jeune fille ordinaire, mais qui faisait des tournages. Ce qui n’aidait pas parfois, c’était certains professeurs qui me mettaient sur la sellette : « On a une vedette dans la classe. Mylène, tu sais bien parler, tu vas lire. » Ça me mettait très mal à l’aise. Quand tu te mets à faire ce métier, le regard des gens change autour de toi et ce, parfois, bien malgré toi.

À un moment donné, on a fait une sortie de classe et on est allés voir le film dans lequel je jouais au cinéma. On se suivait tous en file indienne et on allait voir mon film… Il y en a certains qui n’étaient pas d’accord. Autant ça me faisait plaisir de montrer à mes amis ce que j’avais fait, autant ça me déplaisait de montrer mon film à d’autres. Je me sentais mal à l’aise pour les autres qui n’avaient pas autant de visibilité que moi. C’était comme si c’était ma journée et que, pour eux, il n’y avait jamais de journée spéciale. D’autres, par exemple, gagnaient des médailles en patinage de vitesse et personne n’en parlait. Je trouvais ça anormal.

La personne qui m’a aidée à garder les pieds sur terre, c’est la comédienne Marie-Chantal Perron, qui a été un bon mentor pour moi. Elle était toujours avec moi pour le film « L’incomparable Mlle C ». Souvent, entre les prises, je m’assoyais avec les techniciens et je leur posais plein de questions : « C’est quoi, ça? Comment on fait ça ? » Ils me parlaient, j’étais tellement heureuse d’être dans ce milieu-là et d’apprendre ! J’étais contente d’avoir une loge, mais je n’y allais que pour dormir. J’étais tout le temps sortie à regarder les différentes scènes et à apprendre des autres acteurs. Je pense que cela a été très formateur. Si je n’avais pas eu cette première expérience-là, de cette manière-là, avec ces personnes-là, peut-être que j’aurais été une comédienne différente qui se fout des gens. Mais on m’a tellement appris le respect sur mon premier plateau : « Tu dis merci quand on vient faire tes retouches de maquillage. Oui, c’est leur job, mais c’est un signe d’affection et d’appréciation que de dire merci. Si quelqu’un va te chercher un café, tu lui dis merci aussi. Et il n’est pas obligé d’aller te le chercher. » Au départ, c’était un monde qui m’était tellement inconnu, mais on me l’a appris.

Et vous, croyez-vous que c’est important de garder les pieds sur terre quand on est comédien ?

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