Enfant sur scène qui fait du théâtre

Comment être certain que mon enfant veut être acteur pour lui-même et non pour me faire plaisir

En tant que coach d’acteurs sur les plateaux de tournage, je rencontre beaucoup de parents qui soutiennent leurs enfants dans l’activité d’enfant comédien sans y chercher le moindre avantage pour eux. Voici un bon exemple. J’ai travaillé plusieurs années avec une enfant comédienne, Laurence Lebœuf (Virginie, 19-2, Le Torrent, Musée Eden, Trauma). J’étais sa coach de jeu sur le téléroman Virginie lorsqu’elle était jeune. Ses parents ne se sont pas servis d’elle pour redorer le blason de leur estime personnelle. Étant eux-mêmes comédiens (Diane Lavallée et Marcel Lebœuf), ils n’avaient pas besoin de Laurence pour se valoriser avec leur enfant.

Habitués au métier, ils savaient à quel point il implique un dur labeur et beaucoup de discipline, même si ce travail est aussi source de plaisir. Quand Laurence faisait de bonnes scènes, Diane lui disait : « Bravo Laurence, c’était beau, tu as bien fait ça. » Et ils passaient à autre chose, tout simplement. Un commentaire positif pour une bonne scène, comme suite à l’obtention d’une bonne note d’examen, à l’école. Et c’est dans cette mesure-là que ça peut être sain.

Laurence, qui a longtemps vu ses parents travailler, répéter et apprendre des textes, connaissait bien les efforts liés à ce travail, ceux exigés par la pratique du métier. Réaliste et non pas aveuglée par la quête de gloire, Laurence n’a fait la demande d’être comédienne qu’à l’âge de 12 ans. Elle a toujours senti, de la part de ses parents, qu’elle était aimée pour ce qu’elle était, et non pas pour ce qu’elle pourrait leur apporter comme fierté dénaturée.

Mais il va sans dire que parfois cela peut arriver… De nos jours, avoir un enfant qui réussit à « entrer dans la petite boîte » équivaut sans doute, en termes de prestige, à ce que représentait le fait d’avoir un enfant qui entre dans les ordres, à l’époque de ma grand-mère ! Dans ce temps-là, avoir un enfant prêtre garantissait aux parents le paradis à la fin de leurs jours ! Le royaume des cieux semble s’être muté en télévision ! Gloire, prestige, argent, reconnaissance, vedettariat, plaisirs… Et j’en passe ! Grâce à la télé, tout ça devient accessible, et pas seulement à la fin de nos jours ! Que demander de mieux ? Pourtant, la réalité est souvent toute autre…

Dans leur livre « Ces parents qui aiment trop », Laurie Ashner et Mitch Meyerson précisent que « [p]lusieurs de nos décisions parentales sont motivées par nos besoins inconscients. Si nous vivons un sentiment d’échec à l’égard de notre vie, nous compenserons en poussant nos enfants à être performants. »

Car, comme l’affirment Ashner et Meyerson, « [l]e parent qui aime trop compense inconsciemment pour ses propres insatisfactions et ses rêves non réalisés, et ce, en ne tenant pas compte des besoins réels de l’enfant. » Ces auteurs ajoutent que, paradoxalement, « [l]orsque nous aimons trop nos enfants, il ne nous vient pas à l’idée que nous agissons ainsi pour combler nos propres besoins plutôt que les leurs. »

Quelquefois, il m’arrive de voir des enfants sur les plateaux de tournage et de soupçonner que certains enfants sont comédiens pour satisfaire les désirs de leurs parents. Les raisons de devenir comédien ne sont parfois pas celles de l’enfant…

Pour éviter cela, il est important de faire un bon examen de conscience et de vérifier si nous n’avons pas, par nos commentaires, incité notre enfant à devenir comédien. Nos enfants ont de très bonnes antennes pour détecter nos désirs enfouis et il faut se montrer très vigilant à cet égard.

Comment arrivez-vous à déceler si votre enfant veut être comédien pour lui-même et non pour vous faire plaisir ?

Pour en savoir plus sur le livre : « Ces parents qui aiment trop » : Cliquez ici 

  Article précédent Article suivant